CASABLANCA DE MA JEUNESSE.Souvenirs d'une jeunesse passée. Je me souviens et je raconte…
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Date de création : 26.09.2018
Dernière mise à jour :
28.09.2018
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c superbe ,grandement merci
très touché,
un ancien de casablanca
bernardjohne r.com
Par Anonyme, le 20.11.2024
je suis ne aux roches noires bd de gergovie le 16/11/1937.ce quartier est pour moi le plus beau quartier du mo
Par Anonyme, le 23.10.2024
je voudrais savoir où se trouve le numéro 4 de la rue jean bart par rapport au front de mer. merci pour votre
Par Anonyme, le 06.10.2024
bonjour malou votre récit a réveillé en moi des souvenirs que je gardais au fond de moi…j’ai vécu cette mervei
Par Anonyme, le 20.04.2024
les cinémas apollo, régent, vox, empire, abc, moulin aux(r.n), olympia (belvédère),
ont disparus.
Par Anonyme, le 31.01.2024
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Blogs et sites préférésMoi Malou Placenti, j'avais envie de raconter mon enfance à Casablanca au Maroc, depuis ma naissance en 1945 jusqu'à mon départ définitif pour la France en 1965. « Lorsque la vie ou des événements nous obligent à quitter le pays de notre naissance, de notre enfance et de notre adolescence, il ne reste plus que les souvenirs pour retrouver ses racines perdues, ainsi que notre petit coin de rue » |
Cette photo à 50 ans mais je l'adore elle est le souvenir de mes plus belles années d'adolescente à Casablanca .
Toute une Histoire !!!!!
Mariée, mère de trois enfants et grand-mère de cinq petits-enfants !!!
Découvrez le récit de ma jeunesse passée à Casablanca.
Le neuf Mars deux mille huit (2008), date du quarantième anniversaire du décès de mon Père, un appel d’un autre monde me conviait d’écrire l’histoire de ma jeunesse au Maroc, quartier du Maârif à Casablanca.
29 juin 1967 ..... les 1 an des jumelles..... mon père chérie...mes nièces les filles de Françoise Carole l'aînée et Patricia . Une journée remplie d'amour et de joie.
Pendant ce temps de séparation, -très dur à supporter- cet appel pressant me décidait à accomplir cet acte d’amour et de foi que je devais à mon Père.
Malgré la douleur, je me remémore facilement cette époque.
Ces souvenirs, très chers, ne m'ont jamais quitté.
Je me dois d'honorer la mémoire de mes Parents.
Parents qui se sont dépensés, avec amour et tendresse, pour le bien-être de leur famille.
Que mes propos apprennent à mes enfants et petits-enfants le vécu doré de leur mère et grand-mère qui les chérit, et qu’ils en tirent une leçon heureuse pour leur propre existence.
Marie Placenti
Aujourd’hui je pense à mon existence, en France, depuis quarante-deux ans, et mes vingt-et-un ans vécus à Casablanca (Maroc).
Ces années se sont déroulées devant mes yeux.
Celles passées à Casablanca ont été si chargées d’amour, de joie, d’énergie à vouloir toujours plus dans tous les domaines.
Et en y songeant je souris et je me dis que c’est bien dommage que mes enfants et petits-enfants ne connaissent rien de ma vie au Maroc.
Beaucoup de films sur l’Algérie ont été diffusés, mais jamais sur le Maroc.
Alors pourquoi ne pas écrire?
Ce n’est pas mon métier.
Il y a des souvenirs gravés et d’autres qu’il va falloir chercher au fond de mon esprit.
Ils ne seront pas tous classés dans l’ordre mais quand un papillon va butiner de fleur en fleur, on ne sait pas si c’est pour son parfum ou pour sa couleur…
Il va par-ci, par-là… rechercher la luminosité que le soleil diffuse…
Qui peut le dire vraiment?
Alors pourquoi ne pas faire comme le papillon, écrire à la lumière de mes souvenirs et de mes émotions passés.
Peut-on laisser ignorer le parcours de ces premiers immigrés débarqués dans ce pays?
Raison de plus quand un de ces hommes est son propre père.
Doit-on ignorer leur dynamisme, le vide de leurs souvenirs, non, pas avec le parcours peu commun qu’ils ont vécus.
Pour mon père qui a tant donné je voudrais que mes enfants et petits-enfants n’oublient pas son courage.
Peut-être qu’un jour quelqu’un sortira un film.
En attendant, le sourire aux lèvres, je me souviens et raconte…
Il fait chaud en ce jour de juillet mille neuf cent cinquante trois. 1953.
Ma mère me tenait de sa main droite, et de sa main gauche celle de Georges, mon jeune frère.
J'allais découvrir enfin la villa que mes parents avaient fait construire.
Nous y avons vécus très heureux.
Mon père s’acharnait au travail.
Nous l’apercevions très peu, malheureusement.
Mais j'ai gardé en ma mémoire le souvenir d'une famille où l'amour régnait.
Les années s’écoulaient ainsi.
J'avais quatre amours, mon Père, la danse, La Vierge Marie et Jésus son fils.
En une seule journée, je ressentais du plus profond de mon âme ces quatre forces qui stimulaient mon immense énergie.
Alors je priais, je dansais, et attendais que mon père se réveille de sa sieste (bien méritée) pour aller mettre mes bras autour de son cou et l'embrasser avant qu'il ne reparte.
Au milieu de ces passions, il y avait aussi les jeux d'enfants.
Comme toute petite fille, la poupée, la dînette. Mais j’avais, aussi, ce côté garçon.
Je jouais aux billes, j’allais dans les champs voisins avec toute une bande de garçons, j’étais la seule fille qui osait, car il y avait certains dangers.
Il fallait regarder où l'on posait ses pieds.
Les scorpions, et toutes autres bestioles venimeuses que l’on peut rencontrer dans ces pays chauds.
Mais j'aimais tant la vie, que celle-ci savait me satisfaire.
Nous ne manquions de rien.
Le restaurant que mon père avait fait construire était de premier ordre.
Il était très bien situé, dans un quartier vivant où Musulmans, Juifs, Catho se côtoyaient en toute amitié.
Mon père un cordon bleu renommé.
Sa cuisine, très fine, attirait une fidèle et nombreuse clientèle.
Surtout le samedi soir à minuit, à la sortie des cinémas, toute cette jeunesse ouvrière se bousculait, il préparait un plat unique, spaghettis aux boulettes, à prix modéré.
Lui aussi se souvenait de sa jeunesse difficile, fils d’une grande famille aux moyens limités.
Pour tous ces fils d’immigrants, il leur offrait ce petit cadeau avec une joie bien partagée.
Le restaurant était toujours complet.
Sa générosité était connue.
C’est au cours de ces fameuses soirées "spaghettis" que je rencontrais l'homme qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants.
C'est dans cette ambiance de fêtes, d'amour familial, que j’ai grandi.
Mes parents ne sont plus de ce monde, mais mon amour pour eux est toujours aussi vivace, je sens leur présence continuelle, je sais qu'ils me protègent, et aujourd’hui à l’automne de ma vie ma douleur est moins forte: le moment des retrouvailles approche.
Je ne crois pas que je vivrais centenaire, ma santé est fragile.
Mais le plus important à mon sens, est que l’arbre a donné des fruits.
J’ai le sentiment de ne pas avoir été inutile sur cette terre, car si nous sommes là c’est bien pour "quelque chose".
Et pour ce "quelque chose" il faut faire tout son possible pour le réussir avec ses moyens.
Après, "mektoub!!", comme disent les Arabes dans mon pays (c’est le destin, c’est écrit).
Mon père aussi le prononçait et tout ce que disait mon père était parole d'évangile pour moi; je l’admirais.
Il fut dans sa vie un homme entier tout simplement.
Toujours à vouloir rendre service.
Tous les matins à quatre heures, j’entendais le réveil qui sonnait.
J’ouvrais doucement les yeux et j’écoutais les bruits.
C’étaient toujours les mêmes. Je refermais les yeux et priais pour que DIEU le protège.
Tous les matins je l’écoutais partir, fermer la porte, descendre les marches du perron, ouvrir le portillon du jardin, le refermer, ouvrir la porte de la voiture, la refermer, puis la voiture démarrait lentement, tournait au bout de la rue. Et je tendais l’oreille jusqu’au moment où tout redevenait silencieux.
Je faisais le signe de la croix et me rendormais.
Et cela tous les jours, sauf le dimanche.
Le dimanche il ne fallait surtout pas faire de bruit.
C’était la seule matinée que mon père s’accordait, nous étions tous réunis, (huit autour de la table) dans cette grande pièce qui servait de "living-room" avec une alcôve, un magnifique piano était installé pour ma sœur qui prenait des cours de solfège.
Le repas se prenait dans un grand silence car nous n’avions pas le droit à la parole. C’était d’époque. Mais nous étions si heureux, rassemblés.
Et les repas, que préparait ma mère, étaient succulents, elle passait des heures à les faire mijoter.
Mais elle nous avait appris aussi à ne jamais dire"je n’aime pas".
Mon père adorait quand ma mère préparait quelques plats différents très gourmands.
Comme par exemple : des aubergines frites, de jeunes courgettes frites accompagnées de tomates à la provençale avec un énorme steak grillé.
Elle préparait comme personne des aubergines farcies, sa sauce tomate fraîche qu’elle laissait mijoter pendant quatre heures, pour arroser les spaghettis accompagnés de boulettes. Ce plat, elle nous le réservait que pour le dimanche. Ensuite, pour finir, un immense plateau de fruits .J’ai encore la saveur de ces fruits dans ma bouche. Mon Dieu que tout cela était délicieux!!!
Maman avait beaucoup de savoir-faire pour la cuisine, elle y passait beaucoup de temps.
Dans ce pays cosmopolite il suffisait de prendre son temps pour préparer et présenter de délicieux plats.
Les femmes de cette époque avaient du temps, elles étaient toutes mères au foyer, pour le bonheur de la famille.
Ces plats spéciaux:
Musulman (couscous, tajine…),
Espagnol (paella et charcuterie),
Portugais (plusieurs façons de faire les sardines),
Israélite (leurs façons de présenter les ragoûts cuits au four, le poisson, leurs pains),
Italien (leurs pâtes, leurs pizzas, leurs glaces,…).
Chacun venant de pays différents expliquait leur recette; alors les femmes, au marché, en parlaient constamment en apprenant leur mélange.
Le dimanche après-midi on rejoignait mon père au restaurant.
Le Café de la Presse au quartier Maarif à Casablanca.
Angle boulevard Roudani et rue de Jura.
Ce n’était pas très loin de notre maison, et cela nous procurait une balade agréable.
On se promenait dans la plus grande avenue du quartier, des petites maisons basses, de rares immeubles de quatre étages.
C’était l’avenue la plus animée.
Les vieilles personnes assises devant leur porte y allaient de leur "tchatche".
Cette avenue se nommait la rue du Jura. La rue principale du quartier.
Des groupes de jeunes gens baguenaudaient.
Cette rue du Jura,
On l’appelait aussi "la rue des cinémas", il en existait quatre.
le Rex, Monte-Carlo, Familia et Mondial dans la Rue du Jura au Maarif.
Il fut un temps où chaque quartier du grand Casablanca possédait au moins une salle de cinéma ! Cinéma Al Founoune à Bourgogne, cinéma Riviera au quartier Riviera , cinéma Beaulieu à Ain Sebaa (tous détruits), le Sahara à Ain Choq, l’Elothmania à Hay Mohammadi, Cinéma Saada à Sidi Othmane.
On y trouvait également une grande librairie, "BATA", un grand magasin de chaussures, deux boutiques de prêt-à-porter.
Les vêtements venaient de France, j’ai le souvenir de toutes les merveilles vestimentaires exposées.
Et cette épicerie fine de M. & Mme Diaz, et surtout leurs spécialités; pépites, cacahuètes, tramousses, pois-chiches grillés. On achetait ça au poids, toujours chauds, que nous allions déguster tout en regardant un film. Ainsi que leur charcuterie espagnole artisanale.
Quand on sortait de la salle il fallait lever les pieds…tant le sol était recouvert d‘écorces…
Tout le monde filait au café, il fallait boire vite car notre bouche était super salée, et bien sûr "l’apéritif était copieux" fèves et pois-chiches au cumin, escargots à la persillade, cacahuètes grillées.
Sur le bar il restait très peu de place pour déposer les verres, la plupart d’entre-nous tenait le sien en main.
Un gai brouhaha régnait, on parlait du film, à chacun ses commentaires, on ne s’entendait plus!
Mais l’ambiance était unique, vraiment unique.
Notre soirée du dimanche se terminait devant des brochettes, des merguez, accompagnées de frites et piments forts, le tout arrosé d’un très bon vin du pays … (Le goût m’en vient à la bouche)
J'avais 17 ans ...
J'ai entendu les violons ...
je me suis déchaussée et à la surprise de toute l'assemblée ...
j'ai été danser!!!
c'était ça les samedi soir " au café de la Presse"!!!!
Les jeunes gens, eux, se mettaient d’accord sur leur soirée.
Ceux qui avait passé "la nuit blanche" la veille et qui devaient se lever tôt le lendemain rentraient chez eux.
Après cette soirée vraiment animée où nous avions bien ri et bien mangé je rentrais en voiture, avec mon père.
Il avait craqué pour une voiture de marque américaine une "Nash" décapotable qui faisait le bonheur de la famille.
L’on faisait un grand tour par la corniche.
Une côte de rêve de toute beauté, plages et piscines se côtoyaient.
---
C’était cela nos soirées d’été, simples, belles, inoubliables pour nous, enfants de pieds-noirs, et pour nous tous, du quartier des Maarifiens (Bijaouï).
Après on rentrait heureux de ce bon dimanche convivial.
Photo: Jojo, Françoise, Moi Marie, ma Mère qui tient Georges et Madeleine.
Le lundi, la semaine recommençait dans la bonne humeur même si pour certains c’était plus difficile que pour d’autres .
Il ne faut pas oublier que dans ce pays tout jeune tout allait quand même assez vite, les commerces, les constructions comme les villas et petits immeubles, les écoles.
Les familles s'agrandissaient.
Mais au niveau social pour les immigrés il n'existait rien.
Quand on consultait un médecin, allait à la pharmacie, ou subissait une intervention chirurgicale, il fallait puiser dans le "bas de laine".
Si certains n’avait pas les moyens ils se faisaient prêter les fonds par un membre de leur famille ou un ami; ce qui est sûr, c'est qu'on pouvait compter sur les autres.
L’Amitié, un sentiment fort, nous liait.
Pour le travail il fallait en avoir car il n’y avait ni "Assedic", ni "R.M.I.".
Il n’existait aucune antenne sociale dans tout le pays.
C’est arrivé bien longtemps après mais que pour les Marocains.
Bien sûr je vous raconte ce que j’entendais…
Ce que je connaissais car je travaillais dans la coiffure et comme vous le savez, c’est dans les salons que les langues se délient, habitude qui n’a pas changée depuis un siècle!
Mais ma vie était différente des autres, je vivais dans un "cocon".
Mes parents voulaient à tout prix nous préserver.
Je me sentais protégée, nous étions six enfants et nous ne manquions de rien.
La mer avait, toute l’année, une température agréable.
L’hiver, nous portions un manteau et étions chaussés de bottes, car c’était la mode.
Quand il pleuvait, cela ne durait pas longtemps mais l’atmosphère s’était rafraîchie, on appréciait beaucoup.
(mon Père Vincent, Amis , avec leurs conjoints et enfants, Françoise , ma sœur, Solange ,ma sœur, ma mère, moi Malou Placenti, Madeleine , ma sœur)
Mon Père devant ,la famille et les amis intimes de mes parents, Souvenirs heureux!!!
Pour toi papa aujourd'hui 42 ans que tu nous à quitté .
Aujourd’hui neuf mars deux mille huit…
Je pense plus particulièrement à toi mon Papa chéri, voilà quarante ans que tu es parti rejoindre les tiens, les Anges t’ont préparé le chemin.
Tu avais un tel amour pour Jésus et Marie sa mère qu’ils ont dus certainement te réserver une place à leur coté.
Aujourd’hui je réalise que ce n’est certainement pas "par hasard" que j’ai eu tant envie d’écrire en ce mois de Mars deux mille huit… quarante ans d’absence.
Je sais Père que tu es là. Je ne te vois pas avec mes yeux…
Mais je te sens avec mon cœur ainsi que Maman.
Merci d’être là, à Vous deux merci.
Mon père je te dois tout.
C’est toi qui m’as donné cette force de vivre.
C’est toi qui m’as tout appris.
Si tu étais présent, tu m’aurais dit "comment ça?"
Lorsque j’avais une dizaine d’années, et que je venais m’asseoir prés de toi, pendant que tu lisais ton journal et avant de repartir au bar, je te demandais:
- "Papa, alors à dix sept ans tu as quitté ta famille?
- Encore!
- Et oui! encore, et encore!
Je voulais connaître ton parcours.
Car il fallait le faire ce chemin, je trouvais cela d’un grand courage et j‘étais fière d‘être ta fille.
Aujourd’hui je veux que tu me racontes, à nouveau, ton histoire.
Mais cette fois Papa, ce n’est pas que pour moi.
D’autres doivent entendre ce que tu as fais pour ta famille et aussi pour tes amis.
(Réponse:)
"Nous étions une famille de treize enfants.
Mon père était cordonnier.
C’était dur tous les jours, très dur.
Donner à manger à cette grande famille!
Alors quand j’ai eu quinze ans, mon père dît aux aînés "qu’il ne pouvait payer nos études et qu’il nous fallait réfléchir au métier que nous pourrions exercer".
Il n'y avait pas grand-chose à faire dans ce village de Tunisie.
Après avoir longuement réfléchis, je décidai de quitter le pays.
Et partais en Algérie à la recherche d’un emploi. Avec l’immense peine de devoir quitter ma famille, avec la peur au ventre et très peu d’argent dans ma poche, je suis parti par bateau, je n’avais pas dix sept ans.
C’était en mille neuf cent vingt quatre (1924); je faisais partie des premiers pionniers. Le premier jour de mon arrivée, il me fallait très vite trouver un travail. Dans un bar on cherchait un "homme de salle".
Et j’ai commencé comme cela. Ensuite mon sérieux me permit de changer.
J’étais très attiré par la cuisine, et allais en cuisine-dur métier-.
Je me levais à quatre heures et crois- moi ce n’était pas facile.
Il fallait toujours laver les plats, les casseroles, les grosses cocottes. Ensuite toute la vaisselle de la clientèle.
Quand je finissais à dix sept heures, on exigeait que la cuisine soit bien propre.
Je reprenais mon service à dix neuf heures pour servir les repas du soir.
Mon jour de repos était réservé pour l’entretien de mon linge, (et oui maman n’était pas là).
Et pour que mes pantalons ne soient pas trop fripés, je les disposais bien à plat sous mon matelas.
Le travail ne m’effrayait pas, et j’ai commencé à gagner de l’argent.
J’avais vingt cinq ans j’étais devenu un super cuisinier.
A cette époque on parlait beaucoup du Maroc…
Un pays qui commençait à naître.
Beaucoup s’y installait, il y avait une place à prendre.
Nous étions en mille neuf cent trente trois (1933), et je n’avais que vingt-six ans.
Je décidai de partir pour le Maroc, je débarquai à Casablanca.
Et là pas d’erreur, il y avait à faire, mais cette fois je possédai de l’argent plein les poches, mais tu sais plein les poches parce que j’avais beaucoup bossé!
Je repris la cuisine, et rapidement je m’installai à mon compte.
J’ai acquis un petit bar-restaurant, ensuite je me suis agrandi, et puis, là
J’ai Connu ta Mère.
Quelques années après, vous étiez tous nés.
J’ai trouvé un emplacement qui me convenait au quartier du Maarif, quartier en pleine expansion, car dans ma tête je savais ce que je voulais.
J’ai acquis cet emplacement et, à mon idée,
j’ai fait construire le Bar-Restaurant, le "Café de la Presse".
(Le café de la Presse ouvert en 1940 à l'angle du boulevard Jean Courtin (Bd Brahim Roudani) et de la rue du Jura).
Elle accueillait alors la population européenne du Maârif.
À l’époque d’ailleurs, elle n’était pas encore sur le boulevard Brahim Roudani — du nom du résistant assassiné en 1956 « devant la porte de la brasserie « , assurent la rumeur ainsi qu’un habitué pas tout jeune — mais sur le boulevard Jean Courtin.
La Presse faisait alors face à la gare CTM, qui garantissait une clientèle de voyageurs au patron.
La brasserie était fréquentée par le prolétariat européen de Casablanca vivant au Maârif. “Y venaient des maçons siciliens qui ont bâti les plus hauts bâtiments de Casablanca et des Espagnols plutôt hostiles au franquisme”.
La chercheuse Anouk Cohen écrit, dans Le Café de la Presse ou le laboratoire d’une élite intellectuelle casaouie, qu’on y trouve aussi “les journalistes français du Petit marocain et de La Vigie marocaine”.
Le quartier, à l’époque, est des plus vivants. La rue du Jura, qui jouxte les murs de La Presse, accueille plusieurs cinémas.
C’est l’un des rendez-vous des nationalistes qui croisent le fer avec les partisans du protectorat. Dans les recoins du restaurant, chaque camp se regroupe.
“Au milieu des années 1950, les fondateurs du futur Parti de l’Istiqlal et autres membres de la résistance nationaliste casablancaise avaient élu l’endroit haut lieu de rassemblement politique, à l’instar de leurs rivaux, les ‘anti-indépendantistes’ issus pour la plupart du journal colonial La Vigie marocaine”.
Tout le matériel d’installation, que j’avais personnellement choisi, venait de France, ce qui faisait son succès auprès de la clientèle.
Dès sa finition, j’installai toute ma famille dans l’appartement du dessus".